A British Opinion on the Invasion Of Iraq
Crise Iraqienne du point de vue des Britanniques
La Voix Le Bocage, Normandy, France (14-03-2003)
Crise irakienne: ce qu'en pensent des Anglais et un Américan du Bocage...
Par Delphine Letainturier interviewing Christopher Long
Sarah et Christopher Long se sont installés à Pont-Farcy, il y a deux ans. Sarah propose de l'initiation à l'anglais dans deux écoles primaries de Flers. Christopher s'est écarté de sa profession de journaliste pour se rapprocher de ses origins françaises (par sa mère) et retrouver une certaine qualité de vie après avoir été correspondant de guerre pendant huit ans dans les Balkans.
"Tony Blair est le lèche-cul des Etats-Unis" et il associe George W. Bush et "busherie". Christopher Long plante le décor rapidement et sans détour.
Sarah et Christopher Long se sont installés à Pont-Farcy, de façon permanente, il y a deux ans. "Pour retrouver les valeurs de la vie quotidienne", explique Christopher. Prendre le temps de vivre, respirer. C'est une bouffée d'oxygène dont Christopher avait besoin.
C'est en France qu'il l'a trouvée, grâce à Sarah aussi qui l'a suivi. Sur les quatres hectares de terre de cette fermette traditionnelle du Bocage normand qu'ils ont rachetée au lieu-dit "Le Bosquet". Leur havre de paix où ils replantent des arbres, veulent sauver les haies détruites et les murs qui seraient probablement tombées en ruines. Où ils parlent en patois avec les voisins.
En Grande-Bretagne tout se vit à toute vitesse et c'est l'argent qui dicte tout. La France est encore un peu épargnée, poursuit Sarah.
"En Angleterre, j'étais journaliste. J'ai été correspondant de guerre pendant huit ans. J'ai couvert le conflit dans les Balkans... Ces huit années m'ont rendu absolument fou", explique Christopher. Comme avalé par quelque chose qui lui échappait complètement, aussi bien autour de lui qu'en lui, il a tourné la page d'un monde qu'il comprenait de moins en moins.
"C'est l'Angleterre qui m'a quitté." Et pas le contraire. A Pont-Farcy, Christopher a retrouvé, à 50 ans passés, du vrai, du sens, du juste... "Quand je suis arrivé ici, même une ville comme Vire était trop grande. Je ne pouvais plus supporter trop de circulation, trop de gens, trop de bruits inattendus...".
Quand Christopher évoque son aversion pour la guerre, ses paroles ne restent pas sans écho. Même s'il reste discret sur ce qu'il a vu, entendu ou même vécu, il sait de quoi il parle. C'est tout. A ce titre, sa vision de la crise irakienne, son regard sur la positionnement des Etats-Unis, de l'Angleterre et de la France prennent une dimension différente du simple spectateur qui commente l'actualité.
"Je suis très fier de Chirac et j'espère qu'il va tenir sa position. Je considérais que la France et les Droits de l'Homme relevaient souvent de la philosophie et de la théorie. Je croyais qu'en Angleterre, c'était davantage une question de pratique. J'ai le plaisir de constater que c'est la France qui est devenue le leader dans ce domain", pense-t-il.
"C'est très difficile d'expliquer aux gens ce qu'est une guerre. La réalité n'a rien à voir avec les films d'Hollywood. Rien ne justifie la guerre. C'est honteux de voir l'Angleterre dans cette position. Cela me rend triste, c'est un pays qui reste très important dans ma vie."
Pour autant, l'ex-journaliste, reconverti en créateur de sites internet, a confiance en ses compatriots. "Beaucoup d'Anglais sont contre la guerre. On le voit: Blair est en difficulté. Il sait que la population est contre. Ça peut encore changer en défaveur de Bush dans les prochains jours."
Néamoins, Sarah et Christopher même s'ils l'espèrent ne croient pas au recul du président américain. "Même s'il y a veto... Et malheureusement, cela prouverait que les Nations Unies ne valent rien."
Dans son entourage dans le Bocage, le couple n'a pas eu à souffrir de remarques désobligeantes.
"Nous avons été très, très bien reçus ici. Pourtant, nous sommes arrivés au moment de la fièvre aphteuse. Les gens, ici, ont compris que beaucoup d'Anglais ne soutiennent pas Blair."
Ulcéré par la position britannique, Christopher est aussi choqué par l'attitude de certains médias américains et anglais. 'The Sun' avait comparé Jacques Chirac à un ver; aux Etats-Unis, la presse a pointé du doigt une France qui ne se souvient pas du sacrifice des soldats de la liberté de juin 1944.
"Avec cette image de Buch dans le cimetière de Colleville... On ne peut attribuer ça qu'à l'ignorance", estime Christopher qui affuble ces médias d'impolitesse et d'irrespect. L'Anglo-Normand juge le propos déplacé:
"Comment peut-on dire à des familles qui ont souffert, et notamment en Normandie, qu'elles n'ont pas conscience de ce qui a été fait pour elles?"
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