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X L'Aumoire

In 2010 the owner of the manor at l'Aumoire, Morigny (Manche), asked Christopher Long (the author) to offer his opinions on a remarkable collection of buildings which included two houses, a former chapel, a pigeon tower, a carp pond, a bake house and a number of agricultural buildings.

Fascinated by what he saw, he in turn asked the historian and archaeologist David Nicolas-Méry to examine what appeared be an early 16th century manorial property whose principal agricultural activity was probably the production of cider.

A number of subsequent visits were organised for groups of professional and amateur historians (see press article: L'Aumoire). The following is David Nicolas-Méry's study written for a quarterly report of the Revue de l'Avranchin et du Pays de Granville.



David NICOLAS-MÉRY

Historien de l'architecture & conférencier

LE MANOIR DE L'AUMOIRE

Morigny, 50410 Manche, France
Étude par David NICOLAS-MÉRY

Cette notice consacrée au manoir de l'Aumoire fait suite à la visite mensuelle que notre Société effectua de ce site remarquable, le samedi 10 octobre 2009. Au vu de l'intérêt archéologique de cette propriété, occupée par monsieur et madame Millet, il nous semblait important de la présenter de manière un peu plus développée que ne le permettent les comptes-rendus de visites figurant ordinairement dans la Revue.

En outre, les documents conservés aux archives départementales de la Manche et étudiés par Jacky Brionne méritaient d'être édités dans le sens où ils apportent un éclairage pertinent sur l'organisation et le fonctionnement des lieux sous l'Ancien Régime.

Cependant, cette présentation reste bien succincte au regard du potentiel archéologique de l'Aumoire dont plusieurs édifices conservés en élévation auraient mérité, chacun, une monographie.

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L

e site de l'Aumoire, sis en la commune de Morigny (canton de Percy) au nord-est de Villedieu-les-Poêles, présente un ensemble de bâtiments assez bien conservés qui offre un témoignage, sans doute assez fidèle, sur l'organisation d'une « entité manoriale » dans le sud-ouest de la Normandie, à la charnière du Moyen Âge et de l'époque moderne.

Venant de la route départementale 454, reliant les villages de Montbray et Morigny, on accède au manoir par une chasse qui franchit un vallon dont le ruisseau a permis la création d'un étang (fig.1, F). Le visiteur remarque immédiatement cette importante retenue d'eau, sur sa gauche, en arrivant à quelques dizaines mètres des premières constructions. Aux abords immédiats du logis principal (fig.1, bâtiment A), diverses constructions sont clairement identifiables tels un « logis secondaire situé à l'ouest » (fig.1, bâtiment B), une chapelle (fig.1, bâtiment C), un pigeonnier (fig.1, bâtiment D) et une boulangerie (fig.1, bâtiment E), sur lesquels je m'attarderai un peu plus loin. Des bâtiments agricoles, très modifiés à l'époque contemporaine, sont également présents dans un rayon de 100 mètres autour du bâtiment résidentiel principal.

Le logis principal

X Le grand logis fait face au chemin d'accès et laisse apparaître de profondes réfections de sa façade au commencement du XVIIIe siècle ; c'est ce que confirme un linteau sculpté, au-dessus d'une fenêtre de la façade : « D.O.M Faict par Mr Gilles Trochu Prê(tre) chanoine d'Averanches 1702 ».

Cependant, les éléments appartenant à une époque plus ancienne sont également visibles telle la porte principale d'accès au manoir (fig.3) que l'on peut faire remonter stylistiquement au XVIe siècle.

X L'examen sommaire des structures laisse apparaître pour ce bâtiment trois phases principales d'aménagement : deux au XVIe siècle et une, plus tardive, au commencement du XVIIIe siècle (fig.4) comme indiqué par le linteau déjà cité.

Au coeur du bâtiment principal se trouve la grande salle, qui communiquait au sud avec une pièce de « service », probablement une remise ou, plus simplement, une pièce de service ; les baies de petites dimensions conservées, vers l'ouest, dans la façade arrière du bâtiment étayent cette proposition (fig.5).

Au-dessus de cet espace se trouve une chambre haute, équipée d'une cheminée, que l'on peut qualifier de « chambre seigneuriale ».

Au nord de la grande salle, au-delà d'un autre mur de refend, on trouve une seconde chambre haute mais, cette fois-ci, dépourvue de cheminée (fig.6, chambre n° 2)) ; cette chambre se situait au-dessus d'un espace indéterminé, peut-être un cellier.

X La transformation quasi totale de ce second mur de refend, au début du XVIIIe siècle lors de l'aménagement d'un nouvel escalier, empêche l'analyse de ce secteur du manoir, situé au nord de la grande salle.

À l'intérieur, la salle présente des caractéristiques particulièrement intéressantes aisément perceptibles si l'on veut bien faire abstraction du plafonnement bas et du cloisonnement qui résultent d'aménagements tardifs.

En effet, ce plafond ampute la hauteur initiale de la salle de moitié ; la cloison longitudinale scinde la surface primitive de la salle, dans sa largeur, selon un rapport de 2/3 conservé à usage de la salle et d'1/3 pour un espace de dégagement ainsi créé.

Dans son état premier, donc, la salle basse possédait un volume nettement plus spectaculaire (environ 80 m2 au sol pour une hauteur sous plafond approchant les 5 mètres). À mi-hauteur de ce vaste espace, plaquée contre la face interne de la façade arrière, une galerie d'accès aux deux chambres hautes est en place, parfaitement préservée bien que dissimulée par le plafonnement tardif de la salle (fig.6). Ce dispositif rarissime, et identifié pour la première fois en 2005 au manoir de l'Erre à Champcervon [1], constitue par conséquent le second exemple conservé dans le sud-ouest de la Normandie [2].

La galerie est principalement supportée par une poutre longitudinale distante du mur gouttereau arrière d'environ deux mètres ; elle est ancrée dans le mur de refend à environ 2,30 m du sol de la salle. Accessible par un escalier droit situé à l'autre extrémité de la salle, la galerie permettait l'accès à la chambre seigneuriale tout en constituant un élément important du décorum architectural seyant au contexte manorial du XVIe siècle.

D'un point de vue pratique, cette galerie se repère aisément une fois observé le hiatus entre son sommier longitudinal et les deux autres sommiers installés parallèlement de manière à soutenir le solivage du plafond tardif ; en effet, le sommier qui prend appui dans le mur de refend, à droite de la cheminée, est installé à moins d'un mètre de celui de la galerie, cette anomalie constitue une preuve de l'antériorité de la galerie par rapport au plafonnement.


X Autre élément majeur de ce décorum seigneurial, une cheminée spectaculaire occupe la majeure partie du mur de refend (fig.7), mais apparaît légèrement décalée vers l'est par rapport à l'axe vertical dudit refend .

Cet emplacement décentré de la cheminée dans le mur prouve qu'elle fonctionna dès sa création avec la galerie située sur sa droite ; en effet, la mise en place d'une telle galerie réclamait un dégagement important entre la cheminée et le mur gouttereau arrière.

X Le linteau de la cheminée est orné d'un écu « muet » dont le contour est dessiné par un élégant cordon sculpté en relief ; la partie supérieure du cordon est associée trois motifs évoquant de manière assez stylisée des fleurs de lys (fig.8) ; on peut supposer que des armes peintes ornèrent jadis cet écu.

Au-dessus du linteau, une corniche, dont le profil évoque celui d'autres exemples repérés dans les communes avoisinantes [3], plaide en faveur d'une datation vers le milieu du XVIe siècle ; à gauche contre le sommier de la cheminée, une tablette murale de granite, dont les stries verticales évoquent des motifs de godrons, amplifie encore le caractère ostentatoire de la salle (fig.9).

X Les deux corbeaux massifs qui supportent les sommiers du linteau de la cheminée sont dépareillés : celui de droite présente un faciès anthropomorphe tandis qu'à gauche une simple cordelette sculptée souligne le creux situé à la jonction de ses deux retraits.

En dessous, des jambages chanfreinés parachèvent l'allure générale du foyer ; au pied du jambage gauche, une coquille Saint-Jacques marque l'arrêt du chanfrein.

Immédiatement à droite de la cheminée, se trouve la porte donnant accès à la pièce de service située sous la chambre seigneuriale. Cette porte, avec son arc plein cintre et ses jambages au chanfrein concave assez soigné (fig.10) s'inscrit dans l'espace, aujourd'hui cloisonné, à l'aplomb du sommier de la galerie.

X La fenêtre de la salle fut entièrement remaniée au commencement du XVIIIe siècle et fut dotée de son linteau gravé et millésimé que je crois en place ; toutefois, on peut supposer que la baie primitive devait se situer au même emplacement, éclairant ainsi le volume de la grande salle.

L'accès à la salle se fait encore aujourd'hui par la grande porte aux jambages moulurés (fig.3) située au centre de la façade ; elle ouvre sur un grand escalier de pierre menant au premier étage correspondant au niveau de la galerie évoquée plus haut.

Toutefois, pour pénétrer véritablement dans la salle, il faut franchir une seconde porte aménagée, à gauche, dans un mur de refend créé tardivement afin de supporter les marches de pierre de l'escalier ; la création de cette seconde porte, avec des éléments anciens récupérés et assemblés très maladroitement, est inhérente à l'installation de cet escalier qui doit appartenir aux grands travaux de refonte de la maison vers 1702 (fig.4, phase III).

Cependant, il est fort probable que cet escalier massif, inséré entre ce refend et le refend plus ancien, reprend l'emplacement d'une structure similaire, mais plus modeste, qui menait à la galerie. D'ailleurs, la position de cet escalier, dans l'axe de la porte principale, est un indice qui plaide en faveur d'un escalier plus ancien au même endroit.

Combles et charpentes

X Comme à l'Erre, un accès devait exister depuis la galerie jusqu'au comble de la grande salle puis vers celui de la chambre seigneuriale ; c'est ce que laisse à penser la porte à « linteau droit sur coussinets » visible an sommet du mur de refend du manoir primitif (fig.11). Malheureusement, les transformations des années 1700 ont probablement eu raison de ce dispositif.

La charpente qui couvre le manoir témoigne de ces importants remaniements : en effet, la structure primitive, une charpente « à fermes et pannes », dont les poinçons mesurent 4,90 m de haut, est demeurée plus ou moins en place tout en connaissant un réaménagement qui consista à l'adjonction de nouvelles fermes « à entraits retroussés » enchâssées entre chacune des fermes primitives (fig.12 & fig.13). Cette modification « intelligente » a ainsi permis de conserver la charpente primitive tout en la doublant par une nouvelle correspondant au savoir faire de l'époque.

X X Les mesures prises dans le comble laissent apparaître un rythme très régulier dans l'espacement des fermes entre elles et les deux pignons ; ces intervalles varient de 1,85 m, entre le pignon sud et la première ferme, jusqu'à 3,26 m, entre les deux fermes suivantes. Les marques d'assemblage observées en pied des trois poinçons de la charpente primitive suggèrent un déplacement des fermes : du nord au sud, ces marques indiquent II, I puis IIII (c'est-à-dire IV). Outre le désordre dans l'enchaînement des fermes, il semble qu'une troisième ferme, dont le poinçon aurait porté le chiffre III, ait disparu.


Phase II :L'extension du manoir à la fin du XVIe siècle

X L'extrémité nord-est du manoir semble très nettement avoir été plaquée contre la maison primitive de la phase I (fig.4, phase ll) ; c'est ce qu'indique en façade, à droite de la grande porte, les pierres formant les premières assises de la chaîne d'angle du premier édifice. La même rupture dans les maçonneries est visible à l'arrière du manoir où l'on observe les pierres formant jadis l'angle nord-ouest de l'édifice primitif (fig.14). Cette extension constitue un agrandissement non négligeable de la demeure avec une structure nouvelle se développant sur quatre niveaux : un cellier semi enterré en partie basse, une cuisine communiquant de plain-pied avec la grande salle, une chambre installée au-dessus de cette cuisine et communiquant avec la galerie, et enfin un niveau de comble qui nécessita le percement d'une porte dans le pignon nord devenu mur de refend.

Il est délicat d'avancer avec précision le nombre d'années qui sépare la phase I de la phase II ; cependant, je pense, au vu de la cheminée de la cuisine qui paraît bien dater de la seconde moitié du XVIe siècle, que cette adjonction fut réalisée moins d'un demi siècle après l'édification du premier manoir. Quoi qu'il en soit, cette seconde phase dans l'évolution du bâtiment pourrait traduire un enrichissement du domaine agricole vers la fin du XVIe siècle et la nécessité de nouveaux espaces domestiques avec, notamment, la création d'une cuisine et d'un cellier semi enterré dont l'accès extérieur se situe au pied du pignon septentrional, mais aussi depuis l'intérieur de la maison grâce à un escalier aménagé au nord.

Phase III : les modifications du chanoine Trochu

X À bien y regarder, les modifications entreprises en 1702 par le chanoine d'Avranches, Gilles Trochu, outre l'installation d'une chambre entre la grande salle et le comble, sont principalement d'ordre esthétique. En effet, les travaux consistèrent principalement à revoir l'ensemble des baies de la façade principale et à bâtir de nouvelles souches de cheminée (fig.15).

Seule, la grande porte du XVIe siècle fut épargnée. Cette volonté manifeste de remettre au goût du jour l'aspect extérieur de cette demeure, en redessinant les percements de la façade que l'on découvre d'assez loin en empruntant la chasse d'accès au domaine, est confirmée par le fait que la façade arrière, nettement moins visible, fut conservée dont son état primitif (fig.16).

X Intérieurement, l'espace fut cloisonné notamment avec l'installation du nouvel escalier qui cessa d'être dans la grande salle. C'est sans doute à l'époque de cette ultime phase de modifications que le volume de la grande salle fut doté de son plafond bas afin de créer une chambre supplémentaire, au même niveau que celui de la galerie, entre le comble et la grande salle réduite en hauteur.

La survie de la galerie de l'Aumoire s'explique précisément par le fait que le chanoine Trochu décida d'effectuer ce plafonnement à partir de cette galerie, idéalement placée à mi-hauteur du volume initial. élément structurant, la galerie fut elle-même cloisonnée et devint un simple couloir tout en conservant sa fonction primitive de connexion entre les deux chambres réparties à chaque extrémité de la grande salle.

La construction de la chapelle, située au sud-est du manoir, date vraisemblablement de cette phase de réfection initiée par le chanoine d'Avranches ; cependant, rien n'interdit de penser qu'un oratoire plus ancien existait au même emplacement.L'édifice religieux est sous le vocable de l'Ascension et de l'Assomption.

Quelques fragments d'enduits peints ainsi qu'un bénitier visible à droite en entrant constituent les derniers témoins de la vocation cultuelle du bâtiment sous l'Ancien Régime ; en effet, à la révolution la chapelle fut désaffectée et en 1867, le curé de la paroisse écrivait qu'elle faisait office d'écurie.

D'un point de vue technique, cette ultime phase de travaux se caractérise par l'emploi d'un granite gris, de très bonne qualité. Cette roche permet le façonnage de longs blocs, utilisés pour les assises horizontales des souches de cheminées, pour les linteaux des baies ainsi que leurs appuis et jambages. Pour les phases précédentes, on note la mise en œuvre d'un granite roux caractérisée par de nombreux petits grains de mica noir ; l'usage de ce granite sans doute extrait localement constitue, selon moi, un marqueur chronologique pertinent qui pré date l'utilisation des granites gris de type « Saint-Michel-de-Montjoie ».

Le logis secondaire : une chambre haute sur cellier (fig.1, bâtiment E)

X Mais les éléments résidentiels du manoir de l'Aumoire ne se cantonnent pas au bâtiment dont je viens de brosser un rapide portrait ; en effet, à l'ouest de ce bâtiment principal, distant d'environ 40 mètres, existe un second édifice répondant lui aussi aux exigences d'un habitat seigneurial. Cette construction, bien que partiellement mutilée lors des dernières grandes tempêtes, conserve en effet plusieurs éléments qui témoignent du niveau social élevé de ses occupants ou utilisateurs ponctuels (fig.17).

La façade, tout d'abord, présente une belle porte « ronde » dont l'appareil du jambage droit s'imbrique parfaitement dans celui de la baie située sur sa droite. Cette baie munie d'une grille est traitée avec soin et possède un appui saillant mouluré (fig.18). La porte et la baie sont toutes deux dotées d'un chanfrein concave assez similaire à celui de la porte de communication entre la grande salle et le cellier du manoir (fig.10).

X La qualité de la maçonnerie extérieure se retrouve à l'intérieur du bâtiment auquel on accède en franchissant le seuil de la porte ronde, immédiatement après avoir gravi deux marches sommairement aménagées avec deux blocs de pierres. Il semble que cet escalier de fortune fut « bricolé » après qu'un important volume de terre ait été rapporté en avant de l'édifice ; originellement la porte, dont le seuil se trouve à environ 60 cm du sol extérieur actuel, devait jadis se situer plus haut dans le plan de la façade. Ainsi, avant ce nivellement plus ou moins récent, le niveau auquel on accède par la porte ronde devait constituer une « chambre haute ». Un escalier primitif, de bois ou de pierre, permettait évidemment d'accéder à cet espace résidentiel. Monsieur Millet nous a montré, lors de notre petite enquête archéologique, huit éléments de granite situés sous l'appentis adossé contre le pignon nord de l'édifice ; il pourrait s'agir de marches et peut-être des vestiges de cet escalier disparu qui permettait d'accéder à la chambre haute.

X X À l'intérieur, donc, le visiteur découvre une pièce à vivre équipée de divers éléments de confort ; tout d'abord, à droite, supportée en son centre par le pignon septentrional de l'édifice, une cheminée monumentale de très belle facture apparaît (fig.19) ; à sa droite, un placard mural prend place dans l'épaisseur du mur (fig.20).

La qualité « artistique » de cette cheminée est indéniable ; un grand soin a notamment été apporté au profil de ses corbeaux qui affiche, avec ostentation, le goût du commanditaire et la maîtrise technique du tailleur de pierre (fig.21).

X X À certains égards, la stéréotomie de ces éléments rappelle celle des cheminées du manoir des Ménardières à Chalendrey [4] (canton d'Isigny-le-Buat). Les jambages situés de part et d'autre du foyer possèdent de larges chanfreins au sommet desquels sont sculptés des motifs assez soignés : à droite, une console, ou culot, angulaire à plusieurs retraits est visible tandis qu'à gauche une étonnante figure simiesque esquisse un large sourire (fig.22). Des tablettes de granite, ici encore, jouxtent chacun des deux sommiers de la cheminée.

Malgré le traitement plus raffiné et surtout plus sophistiqué de cette cheminée, si on le compare à celui de la cheminée de la grande salle manoriale, rien ne permet d'affirmer qu'elles furent aménagées à des époques différentes. Cependant, s'il est tentant de placer sa conception dans la première moitié du XVIe siècle, il faut avouer que le « catalogue des formes » pour cette partie de la Normandie demeure dans une très large mesure lacunaire et ne permet pas, pour l'heure, de définir de chronologie relative fiable. En outre, se pose toujours pour ce type de construction la question insoluble de la persistance de certaines formes et/ou du remploi d'éléments plus anciens.

X Les murs gouttereaux possèdent l'un et l'autre des baies équipées de coussièges ; ce sont, la encore, des indices évidents du caractère résidentiel de cet espace. À droite de la baie située dans le mur gouttereau occidental, un lavabo demeure visible malgré son obturation (fig.24) ; à l'extérieur, la pierre destinée à l'écoulement des eaux usées est toujours en place.

Immédiatement située à gauche en entrant dans cette chambre, une cage d'escalier en vis circulaire est enchâssée dans l'angle dessiné par la façade et un mur de refend ; l'accès à cet escalier était autrefois muni d'une porte de bois comme l'indique la feuillure pratiquée dans les jambages et le linteau du passage (fig.23).

X Cette tour d'escalier assez atypique, puisque située « en œuvre » et non « hors œuvre », permettait d'accéder au niveau inférieur, semi enterré, mais également à un niveau supérieur. Malheureusement il est délicat de déterminer quelle était la fonction de cet espace situé au-dessus de la chambre ; les dommages causés lors de la tempête de 1999 ont occasionné la disparition d'importants pans de maçonnerie.

S'agissait-il d'une seconde chambre ou d'un grenier ? La cheminée visible à ce niveau supérieur, à l'aplomb de la cheminée de la chambre, apparaît bien tardive et ne permet pas de conclure à la vocation résidentielle de cet étage.

X En revanche, l'espace semi enterré situé sous la chambre peut sans trop de risque d'erreur être envisagé comme un espace de stockage et, plus précisément, comme un cellier destiné à conserver des tonneaux. Si l'accès à ce cellier se fait depuis l'étage grâce à l'escalier en vis, il existe également à l'arrière de l'édifice une large porte parfaitement adaptée à l'usage supposé (fig.25).

Ses proportions sont sans équivoque et sa situation, de plain-pied avec le sol intérieur, militent en faveur de l'hypothèse du cellier. Cependant, la question de la nature des denrées emmagasinées dans cet espace reste posée bien qu'il soit possible de proposer qu'il s'agisse principalement de cidre.

Vers le sud, au-delà du refend de cette entité composée de trois niveaux (cellier, chambre et espace indéterminé), le bâtiment se prolonge. Hélas, ici encore, les modifications ont été telles qu'il est impossible de se prononcer sur l'usage de ce volume jouxtant la chambre haute sur cellier. Seule certitude, il n'existait aucune communication interne entre cette partie sud du bâtiment et le cellier, pas plus qu'avec la chambre haute. Pour cette raison, il est raisonnable d'écarter l'hypothèse d'une grande salle à cet emplacement ; grande salle qui aurait fait de ce bâtiment un second manoir dont le schéma aurait été assez proche de celui du bâtiment manorial principal (grande salle prolongée par une chambre seigneuriale sur cellier).

En fait, il me semble plus plausible de voir dans cet « espace vide » l'emplacement du pressoir à pommes du domaine, pressoir attesté au XVIIIe siècle par une source écrite dont nous reparlerons. Un seul petit détail architectural abonde dans ce sens ; en effet, dans le cellier, une gouttière de granite enchâssée dans le mur de refend permettait l'écoulement d'un « liquide » provenant de cet espace que nous venons d'envisager. Cet élément qui s'intègre parfaitement à la maçonnerie qui le supporte aurait pu servir à l'écoulement du jus de pomme depuis le pressoir jusqu'au cellier où le breuvage était ensuite mis en tonneau.

La Boulangerie (fig.1, bâtiment E)

X X Le bâtiment situé à une vingtaine de mètres au nord du logis secondaire est clairement identifiable comme la boulangerie (ou fournil) du manoir. Vu de l'extérieur, ce local dédié à la fabrication du pain semble, au premier abord, très anodin et de facture assez rudimentaire (fig.26) ; en effet, l'édifice à fait l'objet de réparations récentes et le four de plan absidial, situé contre le pignon méridional, a disparu.

Pourtant, en pénétrant à l'intérieur de l'édifice, on découvre divers élément qui témoigne de son l'ancienneté. On remarque immédiatement la bouche du foyer ainsi qu'un remarquable assemblage de pièces de bois constituant l'avaloir de la cheminée (fig.27).

X X Cet avaloir est formé par le sommier soutenant le plancher du niveau supérieur et placé parallèlement au mur pignon, en avant de la bouche du four. Ce sommier est une poutre de forte section qui présente des chanfreins moulurés à l'endroit de ses arêtes inférieures : ces détails permettent, sans prendre trop de risque, de proposer une datation dans le XVIe siècle (fig.28). Liées à ce sommier et partant en direction du mur pignon, dans lequel elles s'ancrent de part et d'autre de la bouche du four, deux pièces de bois constituent les flancs de l'avaloir. Eux aussi chanfreinés, ces deux éléments sont ornés de denticules sculptés dans le ressaut situé sous leurs faces inférieures au droit de la maçonnerie (fig.29).

X À l'est et à l'ouest, chaque gouttereau est percé d'une baie quadrangulaire qui conserve son châssis, ou chambranle, de bois ; à l'ouest, la baie possède encore un meneau de bois destiné à recevoir et clore deux petits volets. Ces derniers s'ouvraient en pivotant sur des gonds dont les logements circulaires sont visibles dans les traverses supérieures et inférieures du chambranle (fig.30). Ces deux baies avaient pour principale fonction de ventiler l'intérieur du fournil et ainsi de faciliter le tirage de la cheminée.

L'espace situé à l'étage du fournil aurait pu servir d'espace de stockage, peut-être de fagots, mais on peut douter qu'un logement ait pu y prendre place. Au nord, dans le pignon, on observe une baie, vraisemblablement une porte dont il est difficile de dire si elle appartient à la phase initiale de construction.

Le pigeonnier

X X Attribut seigneurial par essence, le pigeonnier de plan circulaire se situe au nord-est du bâtiment principal (fig.31). De dimension modeste, puisque son diamètre ne dépasse pas 5 mètres, ce pigeonnier contient environ 80 fuies aménagées de manière assez classique dans la paroi du mur.

Plus étonnants sont les quatre « trous à fusils » visibles depuis l'extérieur ; l'orientation de ces pseudos ouvertures de tirs ne permet en aucun cas d'envisager une quelconque vocation défensive de ce pigeonnier.

X À moins qu'il ne s'agisse là de percements nécessaires à l'élevage des volatiles, et dont la fonction m'aurait échappé, il me semble qu'il faut voir dans ces aménagements une affirmation du caractère seigneurial des occupants du fief. (fig.32 & fig.33)

Réflexions sur l'articulation des principaux bâtiments de l'Aumoire

Tous les éléments sont là pour qualifier l'Aumoire de manoir : grand logis, pigeonnier, chapelle, fournil, espaces de stockages agricole, etc. Cependant, il faut nous interroger sur l'existence de ce logis secondaire et sur son articulation avec le bâtiment résidentiel principal.

Quel en pouvait être l'usage ?

À bien y réfléchir (si tant est que je le fasse bien !), je suis intimement convaincu que ce « logis secondaire » était bel et bien un espace résidentiel temporaire réservé au seigneur suzerain, et ce dès le XVIe siècle.

Bien que nettement postérieur, le bail de fermage contracté, en 1702, entre le chanoine Trochu et le fermier laboureur Hébert Hecquan (texte édité par Jacky Brionne et publié en annexe) livre un indice en faveur de cette hypothèse. Ce document précise que le bailleur de « la terre et ferme pré maisons et jardins bois et paturages et generalement tout ce qui depend de la terre de Laumoire », le chanoine Trochu, conserve pour son propre usage « le jardin a herbe et maison ou il loge de temps en temps ». À mon sens, cette maison, où réside ponctuellement le chanoine, ordinairement retenu par ses activités canoniales avranchaises, semblerait plutôt être le logis secondaire avec sa « chambre haute sur cellier », et non le grand manoir.

En effet, quel usage un chanoine aurait-il fait d'une aussi grande maison à lui seul réservée ? Le texte mentionne bien pour le logement du bailleur une « maison » et non une simple chambre dans le manoir. Pour cette raison, je pense qu'à cette époque le grand manoir était bien occupé par le laboureur, sa famille et divers journaliers ; tandis que le chanoine se réservait la maison, plus petite mais tout aussi confortable, située vers l'ouest.

Donc, il me semble probable que la situation décrite par le document de 1702, ne soit que le reflet d'une pratique ancienne remontant à l'époque de la construction des bâtiments. Au vu de l'apparente homogénéité des constructions de la phase d'aménagement primitive, cette organisation spatiale du domaine pourrait dater du XVIe siècle. D'un côté le grand manoir était occupé par un « locataire », un petit seigneur ou peut-être un vavasseur [5], et de l'autre, le logis secondaire, certes moins vaste constituait l'espace réservé au seigneur suzerain du domaine ne résidant pas en permanence sur le fief.

Des dispositifs comparables sont désormais identifiés dans l'ancien diocèse d'Avranches ; ici encore, citons l'exemple de la chambre sur fournil de l'Erre à Champcervon (canton de la Haye-Pesnel), celle du manoir de Vaumoisson à Bouillon (canton de Granville), celle de l'hôtel-Dieu du Gué de l'épine au Val-Saint-Père (canton d'Avranches), ou encore le cas moins évident du fournil de l'abbaye de Montmorel à Poilley (canton de Ducey).

Pourtant, au regard de ce corpus, le cas de l'Aumoire pose question. En effet, l'ensemble des exemples cités présente des chambres hautes sur fournil, et non sur cellier ; pourquoi en est-il autrement dans ce cas précis ? En effet, la chambre sur fournil présentait l'immense avantage d'être, la plupart du temps, chauffée par l'activité de la boulangerie et ainsi assurait au seigneur suzerain un confort évident. Cette « anomalie » pourrait peut-être s'expliquer, tout d'abord, en raison du nombre important de sites qu'il reste à découvrir et qui conserve, il faut le souhaiter, des configurations proches ou identiques à celle de l'Aumoire.

D'autre part, dans ce cas précis, il se pourrait que le suzerain ait opté pour une chambre communicant avec le magasin où était concentrée la principale richesse du domaine, voire la part de la production qui lui était due ; l'escalier en vis très soigné montre l'importance accordée par l'occupant des lieux à ces biens conservés sous sa chambre et le besoin qu'il avait de pouvoir accéder, directement et à tout moment, depuis l'étage à cet entrepôt. Il se pourrait d'ailleurs que l'importance de la localisation de ce cellier soit d'ordre purement symbolique. Le cidre produit sur la terre de l'Aumoire aurait-il pu constituer un bien à ce point précieux ?

Autre explication, le seigneur considérait peut-être dangereuse la situation de sa chambre au-dessus du fournil... Le feu représentait en effet une menace réelle ; en témoigne la mention figurant dans le bail de 1702 qui précise qu'à cette date le fermier doit « réédifier la boulengerie et fournil qui a esté brulée depuis peu ».

Le bail de 1702 nous renseigne sur la nature des activités agricoles du domaine ; des « jardins bois et paturages » sont évoqués, les « murs de la grange »  sont à « raccomoder » tout comme « la may et pressoir a pommes ».

En outre, le texte précise au fermier qu'il devra « mettre dans les jardins de lad ferme soixante pommiers par an jusqua ce quils soient repares » ; ainsi, puisque le bail court sur six années, on peut estimer à plusieurs centaines le nombre de pommiers qui sont sur le domaine ou qui devront être plantés. La dimension cidricole de la terre de l'Aumoire est donc avérée.

En conclusion

L'intérêt du site de l'Aumoire pour la connaissance des manoirs bas-normands est évident. Mais on ne peut s'empêcher de s'interroger sur l'identité du seigneur ou de la famille qui présida à la construction de cet ensemble.

Avec le postulat de l'existence d'un logis secondaire, du type chambre haute sur fournil ou cellier, l'Aumoire apparaît comme un fief de second rang fieffé par un important seigneur à l'un de ses vassaux.

Le texte du XVIIIe siècle décrit une intéressante évolution sociale : le seigneur est alors un chanoine de la cathédrale d'Avranches, dont on ignore comment il fit l'acquisition de ce domaine, et son vassal un laboureur, très certainement aisé, qui occupe un beau domaine que bon nombre de hobereaux du bocage n'auraient pas dédaigné habiter.

Du reste, cette évolution n'empêche aucunement la survivance de certaines pratiques issues du monde féodal. Pratiques qui en d'autres lieux se sont prolongées bien après la Révolution, jusqu'au commencement du XXe siècle ; c'est le cas de la chambre haute sise au-dessus du fournil du manoir de Vaumoisson où, jusque dans les années 1920, le propriétaire se réservait le droit de résider à tout moment [6].

Quoi qu'il en soit, je suis bien conscient de la fragilité de mon argumentation qui changerait peut-être du tout au tout si une véritable étude archéologique du bâti pouvait être réalisée. Par exemple, je suis convaincu de l'intérêt que représenterait une dendrochronologie des structures en bois conservés dans le manoir principal et le logis secondaire mais aussi dans la boulangerie. Les éléments en bois ne manquent pas pour tenter de dater convenablement ces bâtiments ; et il ne fait aucun doute que cette technique permettrait de vérifier le phasage proposé dans cette notice.

Si la dimension agricole, au sens large du terme, du fief de l'Aumoire est indéniable, c'est la production cidricole qui apparaît en filigrane comme la plus importante ; avec la présence d'au moins deux importants celliers semi enterrés et étroitement lié à l'habitat, il semble que le breuvage ait pu constituer une source de revenu non négligeable pour l'Aumoire. Ici encore, ce n'est qu'une suggestion qui mériterait d'être examinée de manière plus sérieuse ; en effet, que sait-on de la valeur du cidre à cette époque ? Cette boisson était-elle commercialisée ? pouvait-elle servir de monnaie d'échange ?

© (2010) David NICOLAS-MÉRY

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ANNEXES

Éléments historiques concernant l'Aumoire

Les propriétaires successifs de la l'Aumoire

Par ordre chronologique, on connaît un individu nommé Chapdelaine, propriétaire jusqu'en 1675, puis Pierre-Gilles Trochu, chanoine, qui fit bail à Hébert Hecquan de la terre et ferme de l'Aumoire, le 13 septembre 1702, lequel bail est entré dans les faits dès la saint Michel septembre 1701.

Ensuite, apparaît dans les sources contemporaines Philbert Salliot, propriétaire jusqu'en 1839 à l'exception de l'habitation. La propriété tombe ensuite dans les mains de la famille Puisney ; avec, tout d'abord, Charles Puisney, propriétaire jusqu'en 1894 à l'exception de l'habitation, suivi de Charles Henri Emmanuel Puisney, son fils, jusqu'en 1932 ; viennent Henri Victor Puisney, à partir 1932, et René et Michel Millet actuels propriétaires.

Bail de Gilles-Pierre Trochu à Hebert Hecquan le 13 septembre 1702

« Nous soubs signer Me Gilles Pierre Trochu / chanoine d'Avranches et Hébert Hecquan laboureur / et fermier en la paroisse de Morigny avons fait / le marche et bail qui en suit que nous / promettons respectivement passer au premier jour / devant nottaires C'est a savoir que moy Trochu / chanoine reconnoist avoir baillé à tiltre de loyer / aud Hecquan la terre et ferme pré maisons / et jardins bois et paturages et generalement / tout ce qui depend de la terre de Laumoire, en / Morigny aud Hebert Hecquan tout ce qu'il dit bien / connoistre se reservant seulement iceluy bailleur / le jardin a herbe et maison ou il loge de / temps en temps pour le temps et terme de / six années revolues et accomplies qui ont commencé / au jour St Michel dernier mil sept cent un / et finiront a pareil jour lesd six années / revolues et accomplies a la charge par moy led / Hecquan de bien et deument cultiver led terres et / entretenir lesd jardins en bon et suffisant etat / et faire raccomoder les murs de la grange qui / est au bas du jardin qui menace ruine et redifier / la boulengerie et fournil qui a esté brulée depuis / peu et aussi faire refaire les murs du jardin / qui ont tombé racommoder la may et pressoir a pommes / ensemble faire refaire les planchers desd maisons / lesquels sont ruines pour estre trop vieux comme / aussy faire racommoder les prises chaussées et ruiseaux / pour aroser les pres delad ferme et en outre / mettre dans les jardins de lad ferme soixante pommiers / par an jusqua ce quils soient repares comme / aussy a la charge de racommoder la chaussée de la / mare en sorte que leau ne s'en fuie point par / la bonde ni autre parti sinon par-dessus tout / ce que moy Hecquan ne suis obligé de faire / pendant led bail et en outre moyennat le / prix et somme de cent quattre vingt livres / payable aud sr trochu de quart en quart / et par avance mesme payer les rentes que les / dits heritages peuvent devoir dont comptent fait / le troisieme jour d'octobre mil sept cent / un et en outre sont convenu que le bois qui / conviendra pour faire lesd reparations sera / pris sur lad terre sil y en a de propre sinon / en sera achapte par led Hecquan fait / led jour et an que dessus aux presence de Jean Le Chevalier l'Angoterie de la paroisse de / Mombrey et Julien Trochu de la paroisse de / Morigny.
Signatures : G Trochu / chanoine / H Hecquan / J Trochu / J Le Chevalier.

Prise de possession de la chapelle de l'Aumoire

Une pièce isolée extraite des archives privées conservées en 2 J 566 aux archives départementales de la Manche est intéressante car elle relate la prise de possession de la chapelle de l'Aumoire par Maître Thomas Le Trochu, curé de la paroisse des Chambres.

« L'an mil sept cent vingt-six, le dix-septe jour de decembre, devant nous françois Liron, nottaire royal appostolique, garde sel des tittres ecleziatique pour le diocese de Coutances pour la residence de viledieu, étant présent dans la paroisse de Morigny ou jay me suis exprais transporté, présence des témoins, sy aprais denommes pour leffet de ce qui en suit s'est presente discrete personne me thomas Le trochu praitre cure de la paroisse des chambres diocese d'avranches porteur de lettre de collation en datte du dix-neuve du mois dernier a luy expediees par discrete personne renaux de gourmons de coursy praistre liscensie aux lois, premier archidiacre et chanoine dans l'eglise cathedrale de Coutances et vicaire general de monseigneur l'illustrissime et reverendisime esvesque de Coutances, collateur de la chapelle fondez sous l'invocation de la sension de la Sainte Vierge dans laditte paroisse de Morigny, en consequence de la presentation a luy faitte par Julien Le Trochu patron presentateur de laditte chapelle passez devant le peu nottaire appostolique dudit lieu de Coutances le dix huit du mois dernier pour en jouir par ledit me Thommas Le Trochu sy dessus denomme aucque tous les droist et revenus, emolumens a ycelle chapelle appartenand et de faire ou faire faire toutte les charges parties par la fondation du fondateur par les devant Michel du hamel et Leonard burdelo nottaire royaux avranches. Le segond jour d'avril mil sept cent vingt deux en vertu desditte lettres de collation deubment en formes avons presences de me guillaume besnehard praistre de la paroisse de monbray pour lapsence du sr praistre cure de la paroisse des chambre en la plainne et entiere possession d'icelles corporelles et actuelles de la dittes chapelles prenant de l'eau beniste faizant sa priere devant l'autel de la ditte chapelle, baizant le liveres du saint Evangile, sonnat les cloches touchant la portes et par touttes les autres seremonies en tel las requis et a coutumes a laquelle prinze de possession personne ne s'est oppoze donc ledit me Thomas le Trochu praistre nous a requis actte ce que nous luy avons accorde, et afin quelle soit nottaire et quen personne nen pretende prinze de possession ainsy que des lettres de collation devant lautel de laditte chapelle presences des temoins sy aprais denommes ce fut fait et passe ce dit jour et an que dessus aux presence de michel nicop et de jeulien cruel demeurant dans laditte paroisse de morigny et autres temoins qui ont signe aucque le dit sr trochu praitre et le sr besnehard et nous dilst nottaire aprais lecture faitte a la minutte a nous demeurz pour regiqtre controlz a cerences le dix neuf decembre mil sept cent vingt six par Langedoc qui a recu six livres sur quoy la presente grosse a este delivrez audit sr trochu par nous sous signe ce cinqe janvier mil sept cent vingt sept par luy valloir et savoir que de raizon ».

Acte daté du 15 septembre 1837

« MM Jean-Jacques et Philbert Saliot, frères, marchands colporteurs domiciliés commune de Montbray, lesquels voulant opérer la division des immeubles et rente dépendant de la société universelle en tous biens qui a eut lieu entre eux depuis environ 22 ans sans avoir été précédée de contrat et dont la dissolution a eu lieu verbalement et irrévocablement le 8 septembre 1835, chacun ayant fait son commerce particulier depuis cette époque.

Ils ont par cette présente fait le partage en deux lots des dits immeubles et rente ainsi qu'il suit :
Le premier lot :
De la terre ou ferme de l'Aumoire consistant en : maison de maître, logement de fermier, bâtiment d'exploitation, chapelle, colombier, jardins à pommiers et à légumes, avenue, étang, onze pièces de terre claire labourable nommées : le grand rocher, le petit rocher, le costil, la crière, la pièce dessus l'étang, l'herbage, le colombier, la grande Digassière, le grand haut-bosq, le clos de bas, la lande du haut bosq réunies, la grande lande du haut bosq, pré, herbages et bois de haute futaie et taillis, de la contenance de 25 hectares 81 ares 25 centiares, sous les n° 124, 125, 126, 138, 589, 590, 591, 594, 595, 596, 597, 598, 599, 600, 601, 602, 603 , 604, 605, 606, 607, 608, 609, 610, 611 bis, 612, 613, 614, 615 de la matrice cadastrale de la section A et acquise de monsieur et de madame Auvray de Coursannes par acte passé devant Me Dupont et son collègue, notaires à Vire, le 16 septembre 1823. Suivent d'autres propriétés ».

Jacky BRIONNE
Aveux de 1472 et 1478.
5 E 7414 aux archives départementales de la Manche
5 E 7532 : notariat de Montbray aux archives départementales de la Manche.


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